La musique a toute sa place en bibliothèque

mars 14, 2011 § 16 Commentaires

(commentaires fermés merci de vous reporter sur la version 2)

Manifeste sur la place de la musique en bibliothèque (proposition de motion pour l’AG de l’ACIM le 28 mars 2011 à Auxerre)

La place de la musique en bibliothèque semble fragilisée. En effet la baisse des prêts et le développement d’une écoute en ligne ou du téléchargement poussent certaines élus et bibliothécaires à penser qu’on doit supprimer le support CD des médiathèques. Plusieurs nouvelles médiathèques ont ouvert récemment sans ce support mais d’autres continuent à l’inclure dans leur offre documentaire.
Il nous apparaît que ceci est une grave erreur non seulement la musique ne se résume pas à un support mais la musique est une pratique culturelle importante au même titre que la lecture ou le cinéma.

La baisse des prêts ne saurait tenir lieu de prétexte pour la suppression du CD et donc du support musical prépondérant en médiathèque. Selon la dernière enquête des pratiques culturelles, les CD représentaient encore 24% des prêts effectués en médiathèques alors que les offres de musique en ligne n’ont pas encore trouvé leur public. Comme pour les maisons de disques qui ont connu un pic de vente, les bibliothèques ont connu des niveaux de prêt importants qui reviennent à un étiage normal mais loin d’être négligeable face à d’autres secteurs documentaires.

L’article 7 de la Charte des bibliothèques. : « Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. » Feu le Conseil Supérieur des Bibliothèques insistait d’ailleurs dans différents rapports sur le fait que la place de la musique en bibliothèque n’était pas suffisante.

Les pratiques culturelles ne sont pas étanches. Renoncer à la musique en bibliothèque risquerait de remettre en cause pour un public omnivore l’intérêt pour la littérature et pour le cinéma présents dans nos structures. Les artistes et les usagers ne sont pas uniquement lecteur, amateur de musique ou de films mais tout cela s’interpénètre.

Renoncer à la musique en bibliothèque, revient à l’abandonner aux acteurs du secteur marchand qui n’ont pas le souci de la diversité et de la pérennité des oeuvres musicales. Si la place du support CD est amenée à se réduire à moyen terme, c’est pour l’instant la meilleure manière de matérialiser dans nos locaux une offre musicale qui doit s’enrichir par une offre dématérialisée. Tous les supports présents en médiathèque sont bouleversés par le numérique, que ce soit les ebooks  pour le livres ou la vidéo à la demande (VOD) pour le cinéma. Tout n’est pas sur le net et tout n’est pas visible sur internet. Malgré son apparente abondance (plus de 7 à 8 millions de titre annoncés sur des plateformes de streaming), l’offre de musique en ligne reste lacunaire dès que l’on sort de la variété. Travaillons à construire une offre numérique (sur borne ou en ligne) large et pérenne quelque soit les contenus.
Il nous semble important que les médiathèques continuent de jouer un rôle prépondérant dans le développement de la culture musicale à l’aide de fonds de musique enregistrée (sur CD ou en ligne), de partitions, de films et de livres mais aussi de concerts ou d’ateliers de créations musicales assistées par ordinateur.
La musique est un langage universel propre à fédérer tous les usagers présents ou potentiels quelque soit leur origine et leur catégorie socioprofessionnelle. Si l’écoute et la pratique musicale ne cessent de se développer dans notre société, en revanche la culture musicale est négligée à part dans quelques institutions et ne sera jamais la préoccupation des acteurs économiques ou des sites proposant de la musique sur internet. Les bibliothèques ou les médiathèques s’honoreraient à continuer d’œuvrer dans la défense et la promotion de tous les domaines de la culture.

Merci d’approuver, de faire vos ajouts ou vos remarques en commentaires

Xavier Galaup (pour le conseil d’administration de l’ACIM)

§ 16 réponses à La musique a toute sa place en bibliothèque

  • Julien François dit :

    Un texte évident et opportun, tant l’intégration de ces faits (représentation du pourcentage de prêt propre aux discothèques par exemple) semble rentrer par une oreille et sortir immédiatement par l’autre chez nos élus et collègues. Il me semble d’ailleurs que le problème principal réside dans la position adoptée et admise par l’ensemble de notre profession, avant même de parler d’élus. Quelle est la place de la musique dans un livre de référence comme « Le métier de bibliothécaire », où l’on explique à tous les prétendants discothécaires et à l’ensemble du personnel des médiathèques que l’écoute sur place est morte (dixit les consultants de Thèkè conseil), que les secteurs disco tendent vers l’inutile et la non spécialisation… Quelle est la place de la musique dans les congrès de l’ABF, où la profession ne retient uniquement l’image d’un navire à la dérive depuis dix ans qu’il faut achever, tandis que l’on achète toujours autant de livres sans tisser de parrallèle… Quelle est la place de la musique dans les préparations aux concours de bibliothécaire et d’AQC, ou l’on ne mentionne jamais une association comme l’ACIM, quand on remplit les cervelles d’acronymes « indispensables » comme l’incontournable ADBGV… où l’on mélange encore streaming et peer to peer, etc., etc.
    Sans une réelle reconnaissance de la spécificité de notre métier, sans un rappel et une mise en avant forte des expérimentations menées par les discothécaires depuis des années pour suivre la vague numérique (alors même que les bibliothécaires, pour la plupart, semblent découvrir depuis 2010 la culture numérique, le 2.0 et les digital natives), sans ce soutien de l’ensemble du personnel de la lecture publique à la place de la musique en bibliothèque, pour un pluralisme et une médiation raisonnée (non, on ne trouve pas tout sur internet !) au même titre que l’imprimé, les discothécaires seront toujours les vilains petits canards de la profession.

  • Hororo dit :

    Pourquoi ne pas créer des playlist deezer au nom de la bibliothèque et les mettre en valeur sur un blog ou un site approprié?
    Pourquoi ne pas aussi considérer l’acquisition de platines vinyle et de vinyle avec des postes d’écoutes?

  • Stéphan Cotrelle dit :

    100% d’accord avec ce manifeste. Mais peut-on aller plus loin encore et proposer des « minima » ? Par exemple quelle proportion du fonds pour la musique pour une offre équilibrée ? Avoir de la musique en médiathèque c’est bien, que l’offre soit cohérente au regard du fonds total, c’est mieux.
    Pareil pour l’offre vidéo.
    Pourquoi alors ne pas envisager un manifeste interprofessionnel ?

    • Xavier G. dit :

      @Stéphan: bonne idée que de proposer une proportion du fonds global pour la musique.
      Pour une action interprofessionnelle, je pense que c’est la phase suivante. L’ACIM doit être moteur pour le manifeste interprofessionnel qu’on ne peut pas lancer dans le vide.

      • Stéphan Cotrelle dit :

        20 à 25% pour la musique, tous supports confondus (musique enregistrée, livre, vidéo, partition) me semblerait bien. A débattre….

  • Benjamin Canonne dit :

    Belle initiative que ce texte qui doit amener chacun des acteurs concernés (discothécaires, élus, mais aussi labels, producteurs, artistes…) à donner sa réponse à la question : quelle place pour la musique en médiathèque ? Pour ce qui nous concerne, c’est via un outil, Cristalzik, que nous avons pris position. Défendre la diversité musicale (et donc subjectivement la qualité) par une liberté affirmée, de la médiathèque, à sélectionner les titres d’une collection, quelle qu’en soit la source (major, label indé, net label, musique libre de droit, fonds numérisés…)
    Plus que l’accès, c’est l’identité de l’offre qui en fera sa légitimité et donc sa pertinence auprès des publics (et des élus !)
    Si certains trouvent mon intervention déplacée, qu’ils m’en excusent, mais elle est sincère et je suis heureux, à mon modeste niveau et au quotidien (depuis bientôt 20 ans), d’être force de proposition pour répondre à cette question.

  • Clair, vrai, nécessaire. On ne peut qu’approuver. En plus, chez nous (BDP29) les prêts de CD sont en augmentation.

    Cath B

  • Pascal Franc dit :

    L’enchaînement des phrases « Plusieurs nouvelles médiathèques ont ouvert récemment sans ce support mais d’autres continuent à l’inclure dans leur offre documentaire. Il nous apparaît que ceci est une grave erreur non seulement la musique ne se résume pas à un support[…] » me semble ambigu.
    On pourrait lire que proposer le CD est une grave erreur…

  • NORMANDIN Isabelle dit :

    Entièrement d’accord. Revoir quelques petites fautes d’orthographe dans le texte toutefois (acords, etc.)(On travaille tous tellement vite !)

  • […] place pour la musique en bibliothèques? C’est la question que pose l’ACIM dans un texte qui sera soumis à l’AG de l’ACIM le 28 mars 2011 à Auxerre. Ce texte est destiné à être envoyé aux autres associations […]

  • […] place pour la musique en bibliothèques? C’est la question que pose l’ACIM dans un texte qui sera soumis à l’AG de l’ACIM le 28 mars 2011 à Auxerre. Ce texte est destiné à être envoyé aux autres associations […]

  • Lefebvre dit :

    juste une coquille: problème de ponctuation dans cette phrase
    « Il nous apparaît que ceci est une grave erreur non seulement la musique ne se résume pas à un support mais la musique est une pratique culturelle importante au même titre que la lecture ou le cinéma. »

    • Xavier G. dit :

      merci. Beaucoup de coquilles et de fautes se sont glissés dans ce texte. Une version 2 va être mise en ligne très prochainement.

  • Chrysostome dit :

    Peut-être que c’est juste moi, mais j’ai mis un moment à comprendre cette phrase

    « Si l’écoute et la pratique musicale ne cessent de se développer dans notre société, en revanche la culture musicale est négligée à part dans quelques institutions et ne sera jamais la préoccupation des acteurs économiques ou des sites proposant de la musique sur internet. »

    Je pense que j’aurais compris aussitôt avec l’ajout de 2 virgules :

    « Si l’écoute et la pratique musicale ne cessent de se développer dans notre société, en revanche la culture musicale est négligée, à part dans quelques institutions, et ne sera jamais la préoccupation des acteurs économiques ou des sites proposant de la musique sur internet. »

  • Franck Biblio dit :

    L’ouvrage « Concevoir et construire une bibliothèque », vient de paraître. On y reconnait enfin la nécessité d’une hybridation des pratiques du personnel, selon Laure Collignon :

    Les faits nous montrent clairement qu’on s’oriente vers la bibliothèque hybride, où cohabitent les collections de livres et fonds numériques. […] Même les jeunes, qu’on dit très à l’aise avec les technologies numériques, ont parfois besoin de médiation, car ils en ont souvent une pratique très étroite. Il convient de leur montrer d’autres ressources. Assurer l’égalité de tous face à Internet et aux outils numériques fait partie du rôle des bibliothèques. Par ailleurs, on ne trouve pas tout sur Internet. Collections papier et collections numériques ne peuvent être que complémentaires.

    Mme Collignon oppose encore papier et numérique. Si le papier a à voir avec la musique (livres, revues, partitions), celle-ci est d’abord et avant tout une question d’écoute, sur enregistrement (galette ou fichier) ou mieux, en « live ». La motion de l’ACIM est donc plus que jamais utile.

    http://www.infodocbib.net/index.php/2011/03/quelle-place-pour-la-musique-en-bibliotheques-2/

  • Jean Palomba dit :

    Avec ma totale adhésion.

Qu’est-ce que ceci ?

Vous lisez actuellement La musique a toute sa place en bibliothèque à ACIM 2011.

Méta