La musique a toute sa place en bibliothèque version 2

avril 6, 2011 § 10 Commentaires

Le principe et le contenu de la motion proposée ici sur ce blog ont été adoptés lors de l’Assemblée Générale (AG) de l’ACIM le 28 mars 2011 à Auxerre. L’AG a mandaté le Conseil d’Administration pour rédiger une nouvelle version à partir du texte déjà proposé. Cette deuxième version ci-après est mise en discussion jusqu’au 30 avril.

La musique a toute sa place en bibliothèque

La musique est un langage universel propre à attirer et à fédérer tous les citoyens, indépendamment de leurs origines et de leurs catégories socioprofessionnelles. Si l’écoute et la pratique musicale ne cessent de se développer dans le monde, en revanche la culture musicale est trop souvent négligée au niveau institutionnel en France, excepté dans de rares circuits, et n’a jamais été prise en compte par des acteurs économiques davantage préoccupés par la rentabilité de leurs investissements que par la diversité musicale.

Le défunt Conseil Supérieur des Bibliothèques avait constaté dans ses différents rapports que la place de la musique était encore insuffisante dans les bibliothèques. Alors même que cette situation perdure globalement, la musique en bibliothèque est aujourd’hui fragilisée par la baisse des prêts, le développement de l’écoute et du téléchargement en ligne. C’est ainsi que plusieurs nouvelles médiathèques ont ouvert récemment sans présenter la totalité de la documentation musicale (livres, partitions, dvd et disques compacts) voire sans musique.

Ce choix nous semble une grave erreur car l’offre musicale en bibliothèque ne saurait se résumer à une borne de téléchargement ou à une ressource en ligne. Si la place du support CD pourrait être amenée à se réduire à moyen terme, sa présence reste pour l’instant la meilleure manière de matérialiser dans nos locaux une offre musicale hybride, c’est à dire mélangeant collections physiques et collections dématérialisées.

Renoncer à la musique en bibliothèque reviendrait à l’abandonner aux acteurs du secteur marchand qui n’ont pas le souci de la diversité et de la pérennité des œuvres musicales. Tout n’est pas sur le net et tout n’y est pas visible. Malgré son apparente abondance (plus de 7 à 8 millions de titres annoncés sur des plateformes de streaming), l’offre de musique en ligne reste lacunaire dès lors que l’on sort des musiques de consommation courante.

La musique représente une pratique culturelle majeure dans nos sociétés au même titre que la littérature ou le cinéma. Or les pratiques culturelles ne sont pas étanches. Renoncer à la musique en bibliothèque risquerait aussi, en supprimant des passerelles entre elles, de remettre en cause, pour un public éclectique, l’intérêt pour les collections de littérature et de cinéma.

Rappelons à ce propos l’article 7 de la Charte des bibliothèques qui stipule que : « Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. »

Enfin il nous semble important que les médiathèques continuent de jouer un rôle prépondérant dans le développement de la culture musicale à l’aide d’une offre documentaire large mais aussi de concerts et d’animations sous quelque forme que ce soit (conférences, ateliers de créations musicales, etc.). Dans certains territoires, la médiathèque est le seul point d’accès non marchand à la musique.

En accompagnant ces nouvelles pratiques, les bibliothèques ont un rôle important à jouer dans le domaine de l’éducation et la culture musicale du public, notamment pour les nouvelles générations.

Ce texte est mis en discussion jusqu’au 30 avril 2011.

Le conseil d’administration de l’ACIM

§ 10 réponses à La musique a toute sa place en bibliothèque version 2

  • Jonathan dit :

    Les modifications collent tout à fait aux remarques soulevées dans la 1ère version. Rien à rajouter pour moi, tu restes synthétique et clair dans le propos.

  • Simon Cane dit :

    Je suis vraiment désolé, mais je ne trouve rien à critiquer ! Je suis parfaitement d’accord avec tout ce qui est écrit et avec la manière dont c’est fait.
    J’aimerais juste que soit rajouté un point
    qui trouverait sa place à la fin du quatrième paragraphe, après « consommation courante » du genre , « De plus,les bibliothèques sont nécessaires pour structurer l’offre en ligne, guider l’auditeur et lui proposer des découvertes en dehors de toute considération économique. »
    Ce n’est pas une critique, juste une proposition et moi qui aime tant critiquer, je suis très déçu !

    • Xavier G. dit :

      quel dommage que tu ne trouve rien à critiquer 😉 Je pense que ta proposition d’ajout peut trouver toute sa place. J’attends d’avoir l’ensemble des commentaires pour voir comment faire évoluer le texte. Merci en tout cas. Xavier

  • JAMES dit :

    Je suis cent pour cent d’accord avec la motion. J’ai trente ans d’expérience en « discothèque de prêt » et je veux que les générations futures ne perdent pas le patrimoine musical des années 80, 90 et 2000 construit par les « discothèques de France » gràce aux collections physiques.

  • Jean-Luc Prothet dit :

    Comme la version présentée à Auxerre, le propos est juste ; mieux qu’à Auxerre, cette réécriture est limpide !

    Nous sommes passés d’un bon brouillon à un texte pas défensif, pas corporatiste, pas jargonnant, mais à la fois serein et « alertant », convaincus de la pertinence de notre mission.

    Bravo ! Et merci.

  • Dominique AUER dit :

    Salut Xavier. Je n’étais pas de la partie à Auxerres, il y a sans doute eu des discussions « physiques » autour de ce texte (ce qui explique peut-êtrele faible nombre de commentaires). Ceci dit je trouve moi aussi qu’il n’y a pas forcément grand’ chose à rajouter. Mieux vaut aller directement au fait sans faire un texte avec du blabla qui fait bien… Donc je valide Jean-Pierre.
    Bonne journée et à bientôt.
    PS : bien vu le passage sur les animations

  • C. Diallo-Chanu dit :

    En complément du point de vue des professionnels, n’oublions pas les artistes !
    Notre expérience (récente, mais enthousiaste) de création d’une scène musicale locale à Décines, nous amène à prendre contact avec des musiciens de tous horizons et parcours.
    Il apparaît que la plupart sont immédiatement favorables à l’idée de se produire à la médiathèque (malgré des budgets pas toujours à la hauteur de ce que nous souhaiterions), car ils connaissent et apprécient le travail de médiation auprès des publics et des mises en valeur de toutes les musiques menées par des professionnels passionnés.
    Ces retours très positifs nous confortent dans le rôle que nous avons à jouer pour promouvoir la musique et les artistes au sein des espaces musique en médiathèque.

    • Xavier G. dit :

      @C. Diallo-Chanu: nous n’oublions pas les artistes mais l’enjeu ici est de montrer que les fonds musicaux doivent continuer a exister de manière forte pour justement défendre les musiciens.

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